lundi 21 janvier 2013

Affaire de Saber Meraihi: l'Etat continue à punir les jeunes de la révolution



Depuis Avril 2012, un jeune tunisien, Saber Meraihi, est en prison. Accusé de tentative de meurtre et de vandalisme, le jeune de 25 ans, risque de passer 25 ans en prison. En Plus, il n’a même pas eu la chance de se défendre face aux accusations de son adversaire, un policier, qui prétend l’avoir reconnu à travers une vidéo publiée sur facebook. Les accusations sont lourdes mais aussi dangereuses puisque sans preuves. L’affaire a pris de l’ampleur surtout que des activistes tunisiens et la famille de Sabeur commencent à en parler aux médias et sur les réseaux sociaux.  



Après un passage à la télévision de la sœur de Saber Meraihi, l’activiste Azyz Ammami a publié sur sa page facebook le dossier juridique de l’inculpé. Les révélations du dossier laissent des questions troublantes quant à l’objectivité de l’interrogatoire et de l’investigation faite par le juge de l'instruction qui a suivi l’affaire.

Les évènements de l’affaire se sont déroulés lors de la révolution. Dans une période où le peuple tunisien a assuré la sécurité des quartiers et des biens publics. Tout le monde se rappelle de cette période, où tous les hommes des quartiers ont veillé des nuits entières pour protéger le pays des milices qui ont essayé, d’après des sources officielles, de semer la terreur et d’instaurer l’anarchie en Tunisie. Ainsi, et avec la coopération de l’armée tunisienne, les comités de protection des quartiers, étaient autorisés officieusement à contrôler toutes les voitures qui circulent pendant la nuit. Vérification des papiers et contrôle des voitures ont aidé à capturer plusieurs groupes armés. Certaines vidéos sur facebook et autres reportages télévisés ont documenté cette période où le peuple était le héros de la révolution tunisienne. 

Revenant à l’affaire de Saber Meraihi. Il est, justement, accusé d’avoir agressé un policier et de voler et brûler sa voiture lors d’une opération de contrôle dirigée par un comité de protection de l’un des  quartiers d’Ibn Sina. Le policier a été agressé le 16 Janvier 2011 mais a décidé de porter plainte, plusieurs mois après, soit en avril 2011. De là commence un flou qui marque toutes les étapes de l’affaire.

Pour faire court et pour expliquer l’affaire, rapidement, aux lecteurs, nous allons relater simplement les remarques, les plus importantes, d’Ibrahim Boudirbala, l’avocat de Saber Meraihi, transcrites en arabe dans la demande (que vous trouverez en fin de l’article)  de libération et de cassation rédigée à l’intention de la cours de cassation à Tunis:

-        -  Le plaignant a porté plainte en se basant sur une vidéo, publiée sur facebook, qui montre, sans précision, des jeunes d’un comité de protection d’un quartier populaire en train d’insulter deux policiers capturés par l’armée. La vidéo n’a aucune relation avec les faits du 16 janvier. De ce fait, il est impossible d’établir un lien entre cette affaire et la vidéo présentée comme preuve qui condamne Saber Meraihi.
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     - Le juge d’instruction n’a pas inclus la défense de l’accusé dans son rapport ce qui fausse les conclusions du rapport et le jugement en lui-même.

-         - Le jugement est basé exclusivement sur les témoignages du plaignant et ses accusations.

-       -   Plusieurs passages du témoignage du plaignant sont contradictoires et manquent de pertinence (exemple : il prétend être agressé par des couteaux alors que son certificat médical lui donne seulement 10 et 20 jours de repos. Il précise qu’il était agressé par plusieurs personnes et qu’il ne se rappel pas des visages puis prétend se rappeler du visage de Saber uniquement)

Reste une précision importante à signaler : Saber Meraihi n’habite pas le même quartier où le plaignant a été agressé.

D’un autre côté, plusieurs habitants du quartier de Saber ont signé une pétition attestant la bonne conduite de Saber surtout durant la période où il était responsable du comité de la protection de son quartier. Les habitants témoignent aussi, dans ce même document, que Saber n’était pas présent  sur les lieux où se sont déroulées les agressions contre le policier plaignant dans cette affaire.

Ce que plusieurs tunisiens ignorent, malheureusement, est que des centaines de jeunes sont dans le même cas de Saber Meraihi. Après avoir participé aux évènements de la révolution, ces jeunes (que nous avons remercié vaguement pour leur courage) se trouvent en prison parce qu’ils ont brûlé un poste de police ou parce qu’ils ont lancé des pierres dans une manifestation ou parce que les policiers du quartier veulent simplement se venger. Il est facile de punir ceux qui veulent faire tomber le système. Il est facile de réinstaurer la peur et la soumission d’un peuple parce que  sans justice, et sans médias indépendants, il est impossible de réussir une révolution.







l'attestation des habitants du quartier de Saber Meraihi: