jeudi 18 octobre 2012

La grève générale des journalistes tunisiens : un nouvel espoir et un long combat


Hier, 17 octobre 2012, les journalistes tunisiens ont fait une grève générale réussie à 90%. « Journalisme ! Quatrième pouvoir ! »  « À bas la censure ! À bas les barrières ! » Les slogans étaient forts, les voix étaient sincères, et les visages étaient plus clairs que jamais. Hier, j’ai vu, de mes propres yeux, l’espoir en une presse vraiment libre en Tunisie.

« Il faut libérer les médias » voilà le mot d’ordre qui régnait au syndicat des journalistes tunisiens, toute la journée d’hier. « Il faut garantir le droit de l’accès à l’information pour les journalistes et pour tous les citoyens ». « Il faut laisser aux médias la liberté de choisir leurs dirigeants, la liberté d’expression et surtout arrêter de les intimider et de les accuser d’être à l’origine de tous les maux du pays ».  ces idées et répliques remplissaient les esprits des grévistes.

 
Photo de Dalila Yakoubi

Grace à la grève de faim des journalistes de Dar Assabah qui a commencé le 7 octobre, et à cause de l’arrogance de la troika qui fait tout son possible pour garder les médias sous contrôle, les journalistes tunisiens se sont révoltés. La grève générale a montré que les journalistes tunisiens sont capables de libérer le secteur grace à  leur détermination et leur solidarité.

Dans cette ambiance, des flashs back m’ont occupé l’esprit. Des visages et des voix m’ont arraché du présent. Il y a dix ans, j’étais en première année à l’IPSI. A l’époque, Mohamed Himdane, était le directeur de l’institut. Il nous donnait un cours sur le code de la presse tunisienne.

Cet homme était notre premier contact avec le monde de la presse. Je n’oublierais jamais ce cours. Je n’oublierais jamais les détails des séances et les mots qui raisonnaient fort « la loi interdit : de dire, de critiquer, de demander, d’attaquer, de penser, de revendiquer… ».

-          Tout est interdit alors ?

-          Non, vous pouvez parler de tout ce que vous voulez mais en respectant la loi, disait notre directeur.

Je vois encore les petits sourires crispés de mes camarades de classe. Je vois encore, aujourd'hui, les cœurs des journalistes remplis d’amertume et de déception. Je me suis rappelée, les premiers rêves, les premières ambitions et les premières déceptions. Et je pense, ferme, que plusieurs de mes collègues ont presque les mêmes souvenirs et gardent la même amertume. Aujourd’hui, l’espoir d’avoir des plumes libres et professionnelles, nous met devant un seul choix, combattre jusqu’au bout du souffle.

Vive la presse tunisienne libre et indépendante !