lundi 31 décembre 2012

Tunisie: 2012 - 2013 et des souhaits ...


Une année qui part, une autre qui vient. Loin des évaluations que je n’arrive pas à condenser. Et loin des larmes, des fous rires et des gueules de bois qui ont ponctué mes journées. Loin des nuits blanches et des sommeils profonds et loin des longs trajets et des stagnations. Loin des confessions et des mensonges prétentieux. Loin des querelles et des réconciliations. Je voudrais partager avec vous, mes vœux de l’an prochain.

Je souhaite justice et  liberté



Aux familles des martyrs, aux blessés, aux prisonniers de la liberté d’expression (et à leurs têtes Jabeur Mejri) Aux pauvres, aux marginaux, aux artistes, aux chômeurs lettrés et illettrés, aux femmes, aux enfants de la rue, aux salafistes victimes de leur pauvreté …

Et à tous ceux qui se sentent minorités vulnérables et écrasées sur leurs propres terres sacrées  …  
Une année qui s’achève et une autre qui s’annonce en laissant des souhaits non réalisés … faut-il, encore une fois, en pleurer ?  

jeudi 18 octobre 2012

La grève générale des journalistes tunisiens : un nouvel espoir et un long combat


Hier, 17 octobre 2012, les journalistes tunisiens ont fait une grève générale réussie à 90%. « Journalisme ! Quatrième pouvoir ! »  « À bas la censure ! À bas les barrières ! » Les slogans étaient forts, les voix étaient sincères, et les visages étaient plus clairs que jamais. Hier, j’ai vu, de mes propres yeux, l’espoir en une presse vraiment libre en Tunisie.

« Il faut libérer les médias » voilà le mot d’ordre qui régnait au syndicat des journalistes tunisiens, toute la journée d’hier. « Il faut garantir le droit de l’accès à l’information pour les journalistes et pour tous les citoyens ». « Il faut laisser aux médias la liberté de choisir leurs dirigeants, la liberté d’expression et surtout arrêter de les intimider et de les accuser d’être à l’origine de tous les maux du pays ».  ces idées et répliques remplissaient les esprits des grévistes.

 
Photo de Dalila Yakoubi

Grace à la grève de faim des journalistes de Dar Assabah qui a commencé le 7 octobre, et à cause de l’arrogance de la troika qui fait tout son possible pour garder les médias sous contrôle, les journalistes tunisiens se sont révoltés. La grève générale a montré que les journalistes tunisiens sont capables de libérer le secteur grace à  leur détermination et leur solidarité.

Dans cette ambiance, des flashs back m’ont occupé l’esprit. Des visages et des voix m’ont arraché du présent. Il y a dix ans, j’étais en première année à l’IPSI. A l’époque, Mohamed Himdane, était le directeur de l’institut. Il nous donnait un cours sur le code de la presse tunisienne.

Cet homme était notre premier contact avec le monde de la presse. Je n’oublierais jamais ce cours. Je n’oublierais jamais les détails des séances et les mots qui raisonnaient fort « la loi interdit : de dire, de critiquer, de demander, d’attaquer, de penser, de revendiquer… ».

-          Tout est interdit alors ?

-          Non, vous pouvez parler de tout ce que vous voulez mais en respectant la loi, disait notre directeur.

Je vois encore les petits sourires crispés de mes camarades de classe. Je vois encore, aujourd'hui, les cœurs des journalistes remplis d’amertume et de déception. Je me suis rappelée, les premiers rêves, les premières ambitions et les premières déceptions. Et je pense, ferme, que plusieurs de mes collègues ont presque les mêmes souvenirs et gardent la même amertume. Aujourd’hui, l’espoir d’avoir des plumes libres et professionnelles, nous met devant un seul choix, combattre jusqu’au bout du souffle.

Vive la presse tunisienne libre et indépendante !

mardi 25 septembre 2012

Hommage à Alain Joannès : l’ami et le maitre.


J’aurais aimé faire son deuil comme il le faut. J’aurais aimé hurler, crier et pleurer au moment qu’on m’a annoncé sa mort. J’aurais aimé pleurer avec sa famille, préparer les funérailles et arranger les fleurs sur sa tombe. J’aurais aimé revoir dans les yeux de son fils, sa jeunesse qu’il m’a tant décris et qui m’a tant fait rêver.

Hélas ! toute seule, je ne suis pas à Paris pour faire tout ça. Je suis, à Tunis, dans un café, entourée des gens inconnus, indifférents à mes larmes et ma perte. J’aurais aimé que la terre arrête de tourner juste comme un signe de respect à ma douleur. J’aurais aimé que le café perde sa senteur comme un signe de soumissions à ma colère. Mais, ici, tout est indifférent à mes maux. Le ciel est resté bleu, le soleil brille encore et les oiseaux chantent joyeusement malgré ma peine.

La dernière fois, quand je l’ai vu, j’ai renoncé à faire des adieux. Pourtant, tout me disait que c’était la fin ou presque. J’étais à Paris, et j’ai vu comment son état de santé s’est détérioré subitement, du jour au lendemain.


Une journée avant mon départ à Tunis. Alain m’a invité au déjeuné avec sa famille dans un restaurant très convivial. J’ai ramené les gâteaux que maman a acheté pour lui et Josianne (sa femme). Et il m’a ramené des livres que lui et Nathalie (sa fille)  ont sélectionnés pour nous.


Il était souriant comme d’habitude et nous avons parlé de la révolution et des rêves. Il pensait que la Tunisie sera, certainement, meilleure grâce à  sa jeunesse « moins arrogante et plus intelligente que la jeunesse française » comme il l’a toujours pensé.

Tout était, en apparence, normal sauf sa couleur de peau qui devenait, les derniers jours, jaunâtre. Il savait très bien que c’était la fin et pourtant il continuait à me parler de ses projets pour le journalisme. Un livre, deux formations et plusieurs articles sur son blog. Je me taisais. J’étais juste concentrée sur une seule chose : garder le sourire et le naturel. Ne pas lui montrer la tristesse qui me ravageait de l’intérieur. Je ne sais pas si mes grimasses m’ont trahi ou si l’ambiance, déjà sinistrée, nous a trahi tous. Nous qui voulons malgré tout partager quelques moments de bonheur et d’intimité …


après le déjeuné, on a décidé d'aller chez lui pour un petit café. Alain m’a fait écouter la musique soufie qu’il a achetée, lors de sa dernière visite en Tunisie, du Palais Ennajma Zahra à l’occasion d’un concert du chant soufi. J’ai pris une feuille et un stylo et j’ai traduit quelques titres à sa demande. Il aimait les nouvelles sonorités qu’il venait de découvrir. Lui, le grand amateur des sons (lien de son audioblog).


Il m’a montré quelques photos de  ses voyages aux USA, en Afrique et en Asie. Amoureux de voyage et de découverte, Alain et Josianne ont planifié un long voyage en Amérique par voiture. Il a tout préparé : la location de voiture, les billets d’avion, l’itinéraire, son petit appartement parisien qui devrait rester fermé le temps de quelques semaines et sa maison de compagne qui nécessite un entretien durant l’hiver. Mais la mort était plus rapide.

J’ai bu mon café, silencieusement. Josianne était stressée. Elle s’éclipsait de temps en temps dans la cuisine pour étouffer ses gémissements. Nathalie a préféré aller dormir dans sa chambre pour ne plus voir son père assumant son rôle du mourant. J’hallucinais, Alain était jaune. Et je savais que c’était la couleur de la mort. Il était en plein combat avec la mort. Une mort jaune glauque et plus forte que notre volonté de le garder parmi nous. Ce n’était pas de la piété, je ressentais plutôt de l’indignation. Cet homme n’avait pas le droit de mourir. Il avait encore des choses à dire et de l’amour à donner.

La conversation que nous avons décidé de mener malgré le chagrin était coupée par des silences sourds à nos efforts de continuer à faire semblant. A contre cœur, j’ai décidé de rentrer. Alain, toujours souriant, a continué à me parler de sa prochaine visite à Tunis. J’aurais aimé le croire et tuer, de mes propres mains, son destin fatal. En dessinant sur mes lèvres son même sourire révolté et moqueur, j’ai  finalement fait  un simple au revoir par respect à sa volonté de survivre.

En bas, dans la rue, sous la fenêtre de son appartement, j’étais seule à mélanger mes larmes avec les gouttes de la pluie qui s’acharnait sur moi. J’aurais aimé lui dire combien sa perte sera difficile. Pourrons- nous dire à un vivant que sa mort sera pénible à supporter ?  

Je ne réalise pas encore que je dois finir cette note avec « Alain! repose en paix ! On ne va jamais t’oublier ! » J’attends toujours qu’il me lise et corrige, discrètement, mes fautes d’orthographe. J’attends toujours qu’il m’envoie ses photos de vacances avec Josianne … qu’il me file des liens intéressants sur le journalisme et la politique… qu’il me demande de mes nouvelles et que je lui explique les raisons de ma dépression permanente.  

Désormais, Je suis seule plus que jamais. Je suis triste et je le resterais tant que je n’ai pas pu faire son deuil convenablement.

 

« la vie d’Alain est le cumul de 35 ans de passion pour le journalisme. Il est pionnier du webjournalisme depuis des dizaines d’années. Sa passion, sa rigueur et sa créativité dans le journalisme inspire plusieurs dont je faisais partie depuis plusieurs années. Je n’ai jamais réussi à cerner ses compétences et savoir faire dans le domaine journalistique. Je me rappel que j’ai passé plusieurs jours à essayer d’assimiler ses analyses sur son blog (journalistique) et ses livres.


 

mardi 4 septembre 2012

quand je voyage avec et en elle ...


(Le voyage est, à mon sens, une découverte de l’Autre. ce texte est une dédicace à une amie qui a partagée mon dernier voyage et qui m’a beaucoup inspiré) 

Elle était grande de taille. Ses grands yeux brillaient et ses paupières touffues parlaient d’une féminité abandonnée qu’elle peinait souvent à cacher. Son sourire clair et brillant donnait à tout instant le désir de partager la bonne humeur. Ses lèvres marquaient son visage rond et ses cheveux châtains courts et lisses témoignaient d’une révolte permanente qu’elle menait contre sa nature prospère de fertilité. 

Son insouciance se transformait en jean permanent et en claquette laissant paraître des petits doigts  qu’elle garnit d’un manucure rouge vif pour dire qu’elle reste, au dessus de toutes les circonstances, la femme dont elle est fière d’être. Sa poitrine généreuse et ses seins bien galopés ne laissaient personne indifférent. Elle tenait parfois à les cacher, par des tee-shirts amples, pour jouer le rôle de l’innocente qu’elle adorait joué de temps en temps. 

Elle conservait en son âme une petite naïveté qu’elle croyait nécessaire pour la vie. Ainsi, elle ne soupçonnait jamais les regards admirateurs et ne se rendait pas compte des avances des uns ou des autres. Elle voulait échapper au rôle de la femme fatale qu’on lui a attribué du premier jour de sa naissance. 

A quel point était –elle accessible ? Personne ne peut trancher ou prétendre avoir la réponse. Quand à elle, la question ne se pose même pas. Elle était et restera exclusive à elle-même, à son imaginaire et à ses rêveries du beau temps et d’harmonie inconditionnée. 

Elle avait l’œil et le cœur mais pas la parole. Elle bafouait et gesticulait en vibrant quand il s’agissait de parler des sentiments ou des idées importantes. Pourtant, quelque chose de contagieux ou de passionné pénétrait irrésistiblement ses interlocuteurs. Son regard manipulait l’atmosphère et plus encore les âmes qui l’entouraient et qui la convoitaient en permanence. 

Son secret était la sincérité et la transparence. Carte sur table, noir ou blanc, pile ou face, elle n’a jamais su nuancer. Elle tranchait et restait cloitrée fièrement dans sa décision comme un Dieu qui ne regrette jamais le châtiment d’un diable. Elle se sentait, vraiment, supérieure, pas par son charme, ni par son intelligence mais par ses valeurs. Et même si elle se ravageait de l’intérieur pour des petits regrets, sa majestueuse allure ne tolérait  jamais le rabaissement à des gémissements qu’elle considère médiocres et inutiles.  

Sa frustration était l’obligation de subir autre chose que l’aventure et ses difficultés. Le certain était son pire ennemi. Elle a choisi de combattre la banalité de la vie et la facilité de la mort. Elle jouait avec les deux comme on joue à la carte. Elle était persuadée que tout est une question de calculs même si elle n’avait pas, souvent, fait les bons et éviter les mauvais. 

Son rire était sensuel et coquin mais loin de la vulgarité. Elle avait le don de garder l’attention des présents même quand elle boudait en se suffisant à son verre et sa cigarette qu’elle se retient toujours à allumer. Quand elle est de bonne humeur, le moindre détail de la vie obéit et devient gai et aimable. Elle avait la sensibilité d’ajuster le monde à son aise. 



mardi 26 juin 2012

Alerte – Tunisie : un athée (Jabeur Mejri) risque la mort en prison



Hier, 26 juin 2012, Jabeur Mejri (un des deux athées de Mahdia) a été condamné à sept ans de prison et demi par la cour d’appel de Monastir. Ghazi Béji, son partenaire est toujours en fuite en Roumanie…(voir détails)

L’affaire ne trouve pas le soutien souhaité par la société civile et les activistes, défenseurs de liberté d’expression en Tunisie. En effet, mis à part « Débat Tunisie » et quelques cyber-activistes indignés, l'opinion public ne rend compte vraiment du drame que vivent ces deux jeunes tunisiens. 

 Copyright Débat-Tunisie

La semaine dernière, nous étions contactés (Olfa Riahi et moi) par Ghazi. Il a été tabassé et mordu au ventre par un islamiste palestinien au camp de réfugiés en Roumanie. Il a été transféré à l’hôpital, au même moment que des réfugiés ont manifesté pour interdire son retour au camp. 

Le directeur du camp a décidé de garder Ghazi dans un appartement isolé, le temps de trouver une solution à ces problèmes. 

Entre temps, Jabeur (et d’après un entretien qui nous a réunis avec l’imam salafiste, de Mahdia) court un risque énorme en prison. En effet, et comme le dit le salafiste, chaque nouveau prisonnier doit déclarer le motif de son inculpation et sera traité par les détenus en fonction de ce motif. « Et au moment où Jabeur va dire qu’il a insulté Dieu et son prophète aux autres prisonniers, sa vie se transformera en un vrai enfer… » Précise l’imam qui ne cache pas la jouissance du vainqueur. 

Autrement dit, Jabeur risque sa vie dans la prison. Avec la particularité du sujet (jugé sacré ou encore tabou) sur lequel il était jugé et la mentalité générale qui prône et défend le meurtre au nom de Dieu, en Tunisie, Jabeur peut être tué ou torturé au nom de Dieu dans l’impunité totale des acteurs (qui peuvent être des détenus ou des fonctionnaires d’Etat). 

Les prisons tunisiennes restent jusqu’à nos jours, des lieux mystérieux, entourées d’histoires hallucinantes de torture, de meurtre et de souffrance. Nous n’avons aucune idée sur ce qui se passe réellement dans nos prisons. Nous n'avons que des témoignages de quelques centaines de prisonniers politiques traumatisés jusqu’aujourd’hui de ce qu’ils ont vu et vécu. 

Le peu de révélations sur les pratiques criminelles de l’Etat dans les prisons tunisiennes reste, malheureusement, lié à l’époque du régime de Ben Ali. Aucune enquête ni étude a été effectuée sur les prisons tunisiennes post-révolution. (Et ça ne sert à rien de parler des émissions télévisées de propagande diffusées sur hannibal TV ou autres et qui n’ont rien à avoir avec la réalité des choses) 

(voir le reportage de France Culture et mon témoignage, publiés en 2011) 

Il faut aussi rappeler que les meurtres commis entre le 14 et le 17 janvier 2011 dans plusieurs prisons tunisiennes n’ont pas été suivis d’une enquête. La prison de Monastir a compté une dizaine de morts, tués par armes à feu. Le mois dernier, les  familles des détenus tués, se sont rassemblées, le 10 mai 2012,  devant le siège de la direction générale des prisons et de la rééducation, pour demander l’ouverture d’une enquête sérieuse sur l’affaire.  (voir l'article)

L’absence de toute enquête administrative dans  la prison de Monastir et dans les autres prisons, montre bien la continuité de l’impunité en Tunisie. Et avec le refus de l’Etat de mettre en œuvre un processus de réforme transparent dans les prisons, nous devons nous inquiéter du sort de Jabeur, abandonné sans considération, aucune, de son statut de prisonnier politique. 

Prisonnier politique parce que les lois avec lesquelles, les deux athées de Mahdia, ont été jugés sont les mêmes que Ben Ali a utilisé pour emprisonner les opposants politiques. 



Et pourtant, nous pouvons sauver Jabeur Mejri.

 Il suffit de lui rendre visite, de lui envoyer des lettres de soutien et de suivre les procédures nécessaires afin d’obliger la direction des prisons de lui garantir un minimum de sécurité. 

La vie de Jabeur dépend de Nous tous ! S’il sera exécuté pour ses convictions personnelles, la porte serait ouverte, pour des années, à des massacres pareils. Si Jabeur se suicide ou on lui colle un suicide, nous serons les premiers responsables de ce drame … 

n’attendons pas un miracle et ne fermons pas les yeux ! 

samedi 16 juin 2012

À Karim Alimi : pourquoi disparaître ?


C’est un fait divers.  « Karim Alimi s’est donné la mort, ce samedi 16 juin à son domicile à l'Ariana… était frustré face à la situation du pays et avait même parlé de son suicide, chose que son entourage n'avait pas pris au sérieux » … 



Moi, je ne l’ai jamais connu ce Karim. Mes amis l’ont connu et m’ont informé via facebook de sa mort.  Lui, peut être, m’a connu … mais, à part une demande d’amis qu’il m’a envoyé avant sa mort… il y a rien entre nous, sauf … un pays qui déprime. Un pays qui nous fait mal … 

 J’écris ces lignes de Kasserine, la ville sinistrée de la Tunisie. Kasserine qui me rappelle une amie yéménite activiste qui disait en décrivant les villages de son pays « le Dieu n’est jamais passé par ici … la grâce de Dieu n’a jamais connu ces lieux… ». 

Pour nous, chère amie, c’est différent ! le sacré nous a tués. Il nous a massacrés … le sacré nous tue encore… par des armes à feu … par des barbes et des promesses d’un paradis … oh combien lointain et pauvre en humanité …

 (Chez Mabrouka Mebarek, mère du premier martyr à Kasserine) 

Elle pleure et me montre, pour la énième fois, la photo d’un visage déformé. Lui aussi est mort. A l’époque, c’était aussi un fait divers … Mohamed Amine Mebarki tué, le 8 janvier 2011, par … une bombe lacrymogène … sacrée.

 C’était le jour où le sacré sur terre a ordonné de tuer.

Aujourd’hui, au nom d’un autre dieu, on donne l’ordre d’oublier …

Elle pleure … puis se tait. Rien n’a vraiment changé … sauf le sacré et le paradis qu’on nous promet.

Karim, je le connais. Je l’ai vu à Kasserine, à Siliana, à Sidi Bouzid, à Gafsa, à Gabes et à Tunis … je l’ai vu dans les yeux malheureux qui attendent une justice. Et elle ne vient jamais … je l’ai vu dans les cadavres de ces insoucieux de la vie, de la mort et des menaces télévisées … je l’ai vu dans les cris qu’ils ont essayé d’étouffer … dans les vidéos qu’ils ont tout fait pour effacer  ... Je l’ai vu en moi… déprimé et consommé. Je l’ai connu et je continuerais à le connaître sans le regretter …

Karim a le pouvoir de défier dieu. Il a le courage de dire non à la mort. Karim a pris la décision de … disparaître et de créer son paradis. Karim a ce que nous n’avons pas forcément.
Il a la liberté de rêver d’un paradis propre à lui… un paradis qu’il a choisi …

Et loin du sacré, très loin de cette peur qui vous paralyse et qui nous tue,  le jour où vous comprendrez les pourquoi du « disparaître », vous cesserez peut être de classer notre suicide dans les faits divers.



jeudi 14 juin 2012

Tunisie: le Ministère de l'Intérieur tue encore


(lire article qui explique le cadre de cette affaire) 

Comme tous les tunisiens sur facebook, j’ai vu hier, l’information de la mort de Fahmi par les balles de la police, le jour du mardi 12 juin 2012. Cette annonce m’a choqué surtout que les confrontations entre les manifestants et la police, à Sousse, ce jour là ne méritaient pas l’utilisation de la force extrême. 

De ce fait, il devient évident de poser les questions suivantes : qui est le responsable de ce meurtre ? Dans quelles circonstances fahmi a été tué ? La justice ou le procureur de la république ont-ils entamé une enquête dans cette affaire ? Et aussi, qui est ce jeune « barbu » Fahmi ?
En suivant sur facebook les commentaires des internautes,  j’ai réussi à trouver ce témoignage : 




Du frère de son ami jusqu’à son ami, Ala Ghali, j’ai pu contacter, finalement, par téléphone, Adel  (médecin) le grand frère de Fahmi. Âgé de 22 ans, Fehmi Ouni est un étudiant en 1ère année ingénierie informatique à Sousse. Il est originaire de Tataouine (centre ville). Il vient d’une famille modeste. Un père handicapé et en chômage. Une mère, femme au foyer. Une sœur diplômée mais en chômage et deux frères (un en France et un  autre médecin à Tataouine). « Notre famille est conservatrice mais pas du tout extrémiste. » rajoute Adel pour décrire la famille du défunt. 

Le témoignage le plus important était de son ami Ala Ghali. Il partageait avec Fehmi le plus clair de son temps à réviser les examens du contrôle à la fac. « Il était à la mosquée pour la prière du Asr. Il y avait au même moment une manifestation pas loin de la mosquée.  La police était devant la mosquée et a commencé à lancer les bombes lacrymogènes. Je ne sais pas ce qui s’est passé exactement parce que nous étions à l’intérieur de la mosquée. Après, dès qu'il est sortis de la mosquée, Fehmi a reçu deux balles au dessus de son œil gauche. Je l’ai ramené à l’hôpital, Farhat Hachad, alors qu’il était déjà mort. Après, la police est venu le soir vers 9h… » a expliqué Ala avant d’ajouter « Fehmi n’a jamais participé dans les manifestations ni était parmi les casseurs du lundi ».

Muni par un certificat médical, le frère de Fehmi, a précisé que la famille a porté plainte contre le ministère de l’intérieur pour déterminer les responsabilités de la police dans le meurtre de leur fils. Par contre, ce qui reste incompréhensible  est l’intervention de la  brigade de lutte contre le crime, qui d’après Adel a pris l’affaire en main. 

Au même temps, le ministère de l’intérieur fait le tour des médias pour expliquer que ce genre de ce qu’ils appellent « dérives » n’est pas du tout réfléchi ou exprès . En fait, le ministère prétend que les balles lancées en air, par les forces de l’ordre, heurtent la face pour trouver comme destination fatale les corps des manifestants. Une théorie ou plutôt explication que la police essaye de faire comprendre au peuple tunisien depuis le 14 janvier mais qui reste à prouver …
Ainsi, Le ministère de l’intérieur garde ses mêmes pratiques de violations de droits de l’homme et n’applique pas les lois internationales en ce qui concerne la gestion des rassemblements et des protestations populaires. Rappelons que depuis lundi dernier, nous comptons une centaine de blessés graves, des milliers d’arrestations et la mort par balles de Fehmi.  

Faut il aussi rappeler que Ali Larayed, ministre de l’intérieur, appartenant au parti Nahdi (élu pour changer le régime et non pas le maintenir tel qu’il est) a annoncé, le 31 mai 2012, que Les agents de sécurité peuvent, en dernier recours, utiliser leurs armes à feu pour se défendre, dans le cadre de l’application de la loi n°4 de l’année 1969 relative aux réunions, cérémonies, défilés, rassemblements et manifestations, qui laisse aux agents de sécurité la possibilité d’utiliser, en dernier recours, et après avoir épuisé toutes les autres possibilités, leurs armes à feu pour se défendre. 

Sachant que le gouvernement avoue les lacunes de cette loi et son aspect répressif aux droits de l’homme notamment le droit de manifester  (voir article), nous devons poser cette question : 

La manifestation de Sousse (que tout le monde a témoigné de son aspect pacifiste) méritait-elle le recours aux armes à feu ? n’y avait-il pas un autre moyen pour disperser la foule ? 


Un autre et dernier point à évoquer, dans cette même affaire, est l’enquête. Le ministère de l’intérieur n’autorise toujours pas une enquête indépendante et transparente sur les crimes qu’elle commet depuis le 14 janvier. Pire encore, il oblige gouvernement et société civile à accepter les résultats des enquêtes internes souvent pas crédibles et partiales et qui garantirent l’impunité à ses agents et cadres.  

Et pour finir, je voudrais parler encore plus du martyr Fehmi. Selon son frère, Adel, « Fehmi n’avait aucune appartenance politique. Il n’a même pas voté pour Nahdha et n’a jamais fait partie des salafistes. La preuve : il a passé son dernier stage à Tunisair (qui selon lui n’acceptera jamais d’embaucher un islamiste). Il a toujours critiqué l’usage de la religion dans la politique. Et sur ces derniers évènements, il m’a exprimé sa tristesse de ce qu’il a appelé complot contre la Tunisie. » 

 Adel a finalement adressé un message à tous les tunisiens en disant « la Tunisie perd sa jeunesse tous les jours … aujourd’hui c’est Fehmi (un étudiant brillant), demain viendra le tour de plusieurs autres jeunes qui normalement devront faire le futur du pays… »
 Jusqu’à quand la Tunisie restera l’Etat de non droit et de non loi ?

mercredi 2 mai 2012

Tunisie : « Rboukh » politique du 1 Mai à Tunis


Hier,Le 1 Mai 2012, l’UGTT et le parti au pouvoir Nahdha ont fêté la journée internationale des travailleurs au centre ville. Vers midi, l’Avenue Habib Bourguiba a vécu une scène inédite alors qu’elle était bourrée de manifestants défilant avec des slogans différents voire contradictoires. Une trentaine de personnes  traversent les foules de l’UGTT et de Nahdha en dansant sous les rythmes de Mezouied. Personne ne semblait être intéressé aux danseurs euphoriques  qui continuent leur chemin en direction de l’Avenue de Carthage, derrière le centre commercial « Palmarium ».

« berrouh, bedam nefdik ya houkouma » (âme et sang pour le gouvernement) c’est avec ce slogan, choquant pour plusieurs, que la petite foule a continué son chemin en ignorant les provocations des manifestants de l’UGTT (yezyou mel 9offa ! RCD dégage ! ». Deux hommes affichent une grande banderole avec le commentaire suivant « le syndicat des commerçants indépendants exprime sa joie d’avoir le centre Espace Carthage ». 

1er Mai 2012


Les manifestants continuent à danser en avançant vers un terrain vide (qui était le local de l'ancienne Société  Tunisienne de Distribution)  en pleine Avenue de Carthage. Sur place, ils se font  une petite scène avec deux DJ équipés d’une console, d’un micro et de deux enceintes géantes de son. Les manifestants continuent à danser sous les rythmes ascendants de la musique folklorique tunisienne. Quelques passants les prennent en photo …  

Ces « commerçants indépendants » sont en réalité les marchants ambulants qui travaillent, depuis des années, clandestinement dans les rues et ruelles de Tunis. Sur Charles de Gaule, Bab Bahar, Avenue de Paris, Avenue Habib Bourguiba et Lafayette, ils vendaient tout et n’importe quoi  en dépit du refus  la municipalité et de la police. Au début de la révolution, les marchants ambulants sont devenus plus nombreux et ont envahie Tunis en profitant  d’un vide administratif et sécuritaire qui a duré quelques semaines. Pour revendiquer leur droit au travail, 500 commerçants se sont organisés dans le cadre d’un nouveau syndicat.

Après une année de sa création le syndicat des commerçants indépendant a trouvé un compromis avec les autorités locales. « Les négociations ont duré une année entre notre syndicat et le gouvernement. Nous avons réussi à avoir cette terre gratuitement (l’ancien local de la Société Tunisienne de Distribution). Le gouvernement s’engage aussi à construire le centre commercial et nous donnera chacun une boutique. » Nous a expliqué Walid, un commerçant ambulant souvent basé à Charles de Gaule.  

Le budget du projet est estimé à 5 milliards et 200 mille dinars. Le projet est dirigé par le Ministère du Développement Régionale, le Ministère de l’Intérieur et le gouvernerat de Tunis. Sachant que l’accord des autorités a été donné depuis l’année dernière, avant les élections de l’Assemblée Constituante et la nomination du gouvernement islamiste.

« Nous ne sommes pas des nahdhaouis. Nous somme juste contents et reconnaissants au gouvernement  qui nous a permis d’avoir ce terrain et d’avoir des boutiques propres à nous … nous avons suffisamment souffert de la clandestinité et de la pauvreté» nous confie l’un des manifestants. Pourtant ses collègues ne cachent pas leur appartenance politique en portant les logos de Nahdha sur le front ou aux épaules.
1er Mai 2012

Une autre banderole a attiré notre attention. « Le nom : gauche, le métier : perturbateur, date de décès : le 23 octobre… » c’est ce que nous pouvons lire sur la banderole qui résume une grande hostilité à la gauche tunisienne. «  L’année dernière, le gouverneur de Tunis nous a menti, et a bloqué l’avancement des travaux de construction du centre commercial ». nous a dit Walid pour expliquer le sens de la banderole hostile à la gauche. Mais, le gouverneur Adel Ben Hassen (qui a fortement contribué à la concrétisation du projet d’après des sources médiatiques) n’a aucune relation ni de loin ni de près avec la gauche tunisienne. D'ailleurs, certains l’accusent de faire partie du RCD mais jamais il n’était proche de la gauche. « Je ne sais pas alors … je ne sais même pas c’est quoi la gauche. » répond Walid à notre remarque.

Un jeune marchant s’approche de nous et nous révèle «  c’est pour faire plaisir au gouvernement islamiste que nous avons fait cette banderole. La gauche a rien fait pour le pays. Par contre Nahdha nous a sauvé la vie. Donc, nous avons choisi notre camps et nous l’exprimons. N’est ce pas la liberté d’expression ? » Dit-il en refusant de donner son nom.

1er Mai 2012


Comment Nahdha leur a sauvé la vie ? Nous ne savons rien. Les syndicalistes refusent de donner une réponse claire à cette question. Quelle était la contribution du parti dans la concrétisation des revendications des marchants ambulants ? Et pour quelle contrepartie ? Des questionnements qui restent sans réponses.  

mardi 10 avril 2012

Qui sont derrière les troubles à Kasserine?


Comme je l’ai prévu dans un ancien article qui date d’Octobre 2011, la ville de Kasserine s’agite  et demande des comptes au gouvernement ou plus précisément à l’Etat qui a donné des promesses sans suite depuis plusieurs mois. 



La ville est actuellement à feu et à sang. 

lire l'article de la blogueuse Olfa Riahi 

suivre l'actualité sur ce lien de facebook: Kass Blog 

Les raisons : le gouvernement de béji Caid Sebssi a promis l’année dernière une indemnisation de 3 milles dinars à tous les habitants qui ont respiré le gaz  lacrymogène.

Finalement, nous venons de savoir d’Amel Abaidi, une blogueuse sur place que l’indemnisation n’a touchée que les proches du pouvoir qui, selon les habitants, sont des rcdistes.

Pendant que la police et l’armée répriment aujourd’hui les habitants en colère, personne ne semble penser à une négociation ou à l’ouverture d’une enquête sur cette affaire.

Est-il vrai que les bénéficiaires de cette indemnisation sont seulement les proches du pouvoir ?


Comment et en se basant sur quelle loi ou quelle enquête (ici vient la grande interrogation sur le rôle qu’a joué la commission d'investigation sur les évènements du 14 janvier) l’Etat rembourse des habitants qui ont respiré du gaz alors qu’il y a toujours des blessés graves qui attendent toujours la prise en charge ?


Qui est le responsable de cette décision fictive (sans trace écrite) en Octobre dernier ?


Comment le gouvernement s’est permis de gérer ou de soutenir cette décision (qui nous a semblé une rumeur à l'époque) en mettant à sa disposition des fonctionnaires publics ?


Pourquoi et comment l’armée a été impliquée dans cette affaire et au profit de qui ?

Je me rappel que les responsables y compris l’armée m’ont empêché defilmer ou interviewer les responsables et les citoyens à Kasserine. Et je me rappel qu’aucun média n’a évoqué l’affaire pourtant toute la ville dansait sur ses fausses rimes.

jeudi 5 avril 2012

Tunisie : « l’illusion de l’Islam » dévoile l’illusion de la liberté


« Cette affaire n’a rien à voir avec la liberté d’expression ou les libertés tout court » c’est ainsi qu'entame Maitre Foued Cheikh Zouali son témoignage concernant l’affaire des athées de Mahdia. Après une enquête et une transcription complète du dossier des accusés, le contraire est prouvé. (Enquête réalisé avec la collaboration de Olfa Riahi - voir son article sur ce lien

Procès pour Athéisme ou pour atteinte à l’ordre public ?

L’affaire a commencé, le 3 mars 2012, à la ville côtière de Mahdia, quand deux citoyens ont porté plainte, contre deux jeunes, Ghazi Al Beji et Jabeur Mejri, les accusant d’ « atteinte à l’ordre public », « transgression à la morale » et «apport de préjudice à un tiers » tel que cité dans le jugement du Tribunal de la première instance de Mahdia, jugement prononcé à la date du 28 mars 2011. Les accusés ont écopé 7 ans et six mois de prison et 1200 dinars d’amende.  







Les deux jeunes, déjà connus par leur athéisme, à Mahdia, ont publié plusieurs ouvrages qui critiquent la religion islamique. Ghazi Al Beji est connu pour son ouvrage « l’illusion de l’Islam», un roman satirique qui raconte en partie la vie de Mohamed le prophète et sa femme Aicha (avec des caricatures). Jabeur, à son tour, est connu, pour ses multiples ouvrages (les noms des bouquins) publiés sur sa page facebook et sur d’autres réseaux sociaux. 






Jabeur Méjri a fait l’objet d’une comparution immédiate. Et devant le refus des avocats de défendre les accusés, Ghazi a décidé de s’enfuir du pays. En le contactant par téléphone, Ghazi Al Beji n’a pas nié son athéisme en précisant qu’il était en contact avec Jabeur Mejri qui a lu son roman « L’illusion de l’Islam » et qu’il ne regrette rien malgré les menaces de morts, le jugement en première instance et sa galère actuelle. En effet, Ghazi a risqué sa vie en essayant de s’enfuir de la Tunisie, passant par la Libye,  l’Algérie et la Turquie. Il est maintenant en Grèce sans passeport ni argent.

L’affaire reste méconnue par l’opinion publique, bien qu’une radio locale « shams FM » en parle et quelques blogs évoquent l’affaire en provoquant plusieurs questions qui touchent à la liberté d’expression.

La Ligue des Humanistes Tunisiens, Reporters Sans Frontières et quelques militants indépendants sont les seuls qui ont pris la peine d’évoquer l’affaire.

Que peut-il être considéré comme atteinte à  l’ordre public à l’ère de la révolution ? C’est la question de Mahmoud Beji, le père de Ghazi, qui nous a accueillies chez lui. « Mon fils est chômeur diplômé, qui n’a fait du mal à personne. Est-il plus dangereux que ceux qui ont tué des innocents lors de la révolution ? Est-il plus dangereux que les Trabelsis, les Ben Ali, les snipeurs ? Si mon fils ou Jabeur avaient du travail, et gagnaient bien leurs vies, ils n'auraient jamais été impliqués dans ce genre d'histoire. Et puis, ils sont libres de penser ce qu’ils veulent… c’est quoi le problème s’ils ne sont pas croyants ? » 

Mahmoud Béji, père de Ghazi Béji 

 vidéo de son témoignage sur ce lien



D’après l’avocat Foued Cjeikh Al Zouali, que nous avons rencontré, à son bureau, à Mahdia, la plainte a été portée seulement contre Jabeur qui a fait l’objet d’une comparution immédiate. « Les investigations ont mené au nom de Ghazi Al Beji qui s’avère son complice d’athéisme. » ajoute l’avocat qui considère le crime d'insulter le prophète plus grave que le meurtre. « J’espère que la nouvelle constitution alourdira la peine de ce genre de crimes pour protéger la religion et les sentiments des musulmans tunisiens » a –t-il expliqué.

Et la liberté d’expression et de croyance ? « Tout le monde est libre mais dans le respect » insiste l’avocat qui ne voit pas le lien entre l’affaire et la liberté d’expression. Après une longue discussion, il fini par dire que la loi a tranché. « Ce qu'ont fait ces deux jeunes est interdit par la loi. » ajoute-t-il  avant de décrire l’humiliation et l'atteinte psychologique qu'il a subi après avoir vu sur Internet les caricatures de Jabeur Mejri et de Ghazi Beji.

Selon l’article publié par Olfa Riahi sur son blog, l’enquête de police a porté exclusivement sur les publications de Jabeur Mejri et Ghazi Beji. Dans les documents fournis par Maitre Sheikh Zouali, la police résume le livre "Illusion de l'Islam" dont Ghazi est l'auteur par  “Doute de l’existence de Dieu, doute de l’existence d’une religion nommée Islam, doute de l’existence du Prophète Mohamed (QSSL) avec justificatifs du doute comme y insiste l’auteur”.

Lois de répression politique par excellence : 

Étant vagues et extrêmement floues, les lois en vertu desquelles Jabeur et Ghazi ont été jugés étaient utilisées à l’époque de Ben Ali contre les opposants et uniquement les opposants. Les cas sont aussi nombreux au point que l’expression « atteinte à l’ordre public » évoque automatiquement les « prisonniers politiques ».

Il s’agit des articles 121-3 et 226 du code pénal et l’article 86 du code des télécommunications.(voir lelien)

Parmi les opposants à l’époque de Ben Ali qui ont souffert de la prison en vertu de ces lois nous citons : Hamma Hamami, condamné le 14 juillet 1999 par contumace par le tribunal correctionnel de Tunis à 9 ans et 3 mois de prison pour atteinte à l’ordre public (voir le lien)

L’avocat et activiste Mohamed Abou,  a passé, à son tour,  trois ans de prisons suite à la publication d’un article, en 2007, qui décrit les méthodes de torture du régime de Ben Ali et qui selon la loi, toujours existante, portait atteinte à l’ordre public.  Sans oublier de citer le cas du militant Ahmed Manai qui a passé la moitié de sa vie en exil forcé pour avoir publié son livre « Supplice Tunisien-le jardin secret du général Ben Ali. »  (Voir le lien)


Les journalistes Taoufik Ben Brik, Zouheir Makhlouf et Fahem Boukadous ont été aussi les victimes de ces lois à l’époque de Ben Ali.

Des menaces de mort « salafistes » 

Le père de Ghazi, Mahmoud Beji, nous a confié, que son fils recevait des menaces de mort de la part des salafistes. « Le Sheikh a même envoyé un message à ma femme en lui disant que Jabeur  n’échappera pas au châtiment des salafistes dans la prison. » a-t-il ajouté. Le père ainsi que sa famille sont complètement rejetés par tout le quartier « je vais à la mosquée d’un autre quartier éloigné et je ne fréquente plus le café » explique Mahmoud. « Au tribunal, on nous a prévenu de ne contacter aucun journaliste ni aucune association de droits de l’homme sinon la réaction de l’opinion publique sera violente» nous confie le père de Ghazi qui pense à vendre sa maison et changer quarrèrent d'adresse.

Ghazi Béji, a aussi témoigné, lors de notre entretien téléphonique, que Jabeur Mejri a été torturé au poste de police (information à vérifier).  Il a expliqué qu’avant le procès, des salafistes ont agressé Jabeur dans la rue. « J’ai peur de rentrer chez moi. Même en gagnant le procès, je suis en danger … ils peuvent me tuer et personne ne bougera pour me protéger » a ajouté Ghazi.

Pour avoir plus d’informations sur ces menaces, nous avons contacté le Sheikh Wannasse, Imam à l’une des plus importantes mosquées de Mahdia. Selon ses dires, il n’est responsable d'aucune menace adressée à Jabeur ou à Ghazi. « Mais on ne peut pas blâmer des musulmans touchés dans leurs sacrés s’ils réagissent violemment. » explique le Sheikh qui considère  le « crime » des deux accusés impardonnable.

Sheikh Wannasse 

son témoignage sur ce lien 

Aujourd’hui même, Humain Rights Watch et Reporters Sans frontières se sont déplacés au Mahdia pour enquêter sur l’affaire. Des médias étrangers ainsi que tunisiens commencent à en parler dans le but de provoquer l’opinion publique sur une affaire qui touche le fond de la liberté d’expression que le peuple tunisien s’est battu pour avoir.