dimanche 19 décembre 2010

Notre lâcheté ?!! C’est une ville question !

( Un petit morceau du quotidien qui témoigne autrement de la crise que nous vivons. Loin des préjugés, des avis politiques, et de la polémique Psycho M, j’ai essayé de transmettre avec fidélité ce fragment du quotidien révélateur  de la régression de la mentalité tunisienne …) 

Je tends souvent à fuir toute sorte de confrontation au point que je me juge, lâche, moi même. Par exemple, aujourd’hui, nous étions des collègues à partager les quelques minutes de la pause que soudain, un monsieur a commencé à critiquer la femme. Il était convaincu que cet être diabolique, est la raison de la peine de la Tunisie, du monde arabe, de l’humanité et spécialement sa peine à lui. Avec un langage vulgaire des expressions agressives et idées noires, il n’a pas arrêté d’offenser le sexe féminin n’épargnant pas celles présentes avec nous. La religion est son principal argument et les traditions sont son unique repère.

Comme tout le monde se taisait et n’osait pas le contredire, je me suis éloignée en me contentant de penser que ce type était un connard. En me contentant de me draper dans ma minuscule dignité. Pauvres de moi. Si lâche !  


Quoiqu’on peut aussi dire que ce n’est pas de la lâcheté. C’est une sorte de sagesse. Admettre que nous savons prendre du recul. Admettre que nous n’aimons pas mettre le pied dans la merde. Admettre que nous sommes moins bruyants que tous ces gens qui moulinent sans cesse et n’agissent nulle part.


Oui, c’est ainsi que je me réconforte. En me rappelant que je suis jeune et déjà trop lucide. Que je me suis tenue à mille coudées au-dessus de la fourmilière et que la bêtise ne m’atteint pas tant que ça. Je m’en moque ! J’ai autre chose. J’ai moi. Je suis riche autrement. Il suffit de se pencher à l’intérieur… il y a plein de choses dans ma tête. Plein de choses très éloignées de ces borborygmes sexistes. Il y a des musiques de films, des poèmes recopiés dans des vieux agendas, des pages arrachés, des souvenirs heureux, des souvenirs affreux, des chansons et des refrains sur le bout de ma langue…nos amours perdues, nos lettres déchirées et nos amis au téléphone….

Tout ça et plus encore. Assez pour ne pas s’abîmer l’âme. Assez pour ne pas essayer de discuter avec les abrutis… Voilà ce que je me suis dit pour se consoler de n’avoir pas répondu à ce monsieur ce matin….


Je me rappelle aussi que tout ça, cette apparente indifférence, cette discrétion, cette faiblesse est la faute de mes parents. De leur faute ou grâce à eux. Parce que ce sont eux qui m’ont parlé d’autre chose et qui m’ont forcé à voir autrement, à voir plus haut, plus loin. Mais ce sont eux aussi qui ont oublié de me donner la confiance. Ils pensaient que ça viendrait tout seul, que j’étais un peu douée pour la vie et que les compliments me gâcheraient l’ego. Raté ! Ça n’est jamais venu. 

Maintenant, je suis là. Silencieuse face à cet excité ou à ces excités. Avec mes coups d’éclat manqués et mes vagues envie de vomir…

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